Lézignan-Corbières : incivilités, propreté, insécurité, le maire Michel Maïque répond
Le 21 septembre à 6h00 par Recueilli par F. P. | Mis à jour il y a 1 heure
Suite à notre article paru hier sur le ras-le-bol des habitants et des commerçants concernant la propreté et les incivilités en ville, le 1er magistrat de Lézignan répond point par point.
Qu'est-ce que la mairie met en place pour résoudre le problème de la propreté en ville ? Michel Maïque : J'ai demandé à mes services d'étudier un système pour plus d'efficacité au niveau de la salubrité. Suivra une restructuration du service propreté avec plus de moyens. Les points où on rencontre des problèmes sont ciblés. C'est donc sur ces points que nous agirons et on mettra en place une batterie de réglementations. Aujourd'hui on utilise les caméras de vidéo protection pour l'insécurité et les incivilités : j'ai demandé que dans les incivilités soient inclus les manquements à la salubrité publique. Quand la ville sera couverte par les caméras, on verra ceux qui jettent des ordures sur la voie publique. Cela coûte cher de jeter des déchets par terre, mais ce n'est pas suffisant. Il faut une organisation et le respect de la loi. Nous allons agir sur les points problématiques avec des moyens humains et matériels.
On vous reproche de ne pas habiter à Lézignan et de ne pas être assez présent en ville. Avant d'être élu maire je n'habitais pas non plus Lézignan. Il faut se rendre compte que la mutation de la ville, et notamment des projets comme le pôle éducatif avec tout ce que cela engendre comme études, prend énormément de temps. Il est vrai que que je ne me promène pas en ville comme je le souhaiterais. C'est pour cela que j'ai délégué à mes conseillers municipaux le soin de me représenter en créant les référents de quartier. Néanmoins, je fais mes courses depuis 30 ans en centre-ville chez les bons commerçants. C'est grâce à eux que le centre est vivant, contrairement à ce que certains prétendent. Avant de charger les autres, ils doivent aussi regarder s'ils font tout ce qu'il faut au niveau de leur commerce. Quand je fais mes courses, je rencontre beaucoup de mes concitoyens qui me parlent directement de leurs problèmes. Je suis accessible à toutes les personnes qui m'abordent. Je considère que pour dire un problème personnel il faut un certain degré d'intimité. Mes concitoyens peuvent s'adresser en toute intimité aux référents de quartier. De plus, nous avons instauré un Office de commerce où une permanente est à l'écoute des commerçants tout le temps. Donc le dialogue reste ouvert.
Que faire contre les actes d'incivilité et contre le sentiment d'insécurité ? La restructuration de la police municipale et la médiation sociale ont apporté une amélioration, même si certains ne le reconnaissent pas. Je constate qu'on ne parle plus d'insécurité mais d'incivilités. On installe de plus en plus de caméras de vidéo protection et à terme la ville entière sera couverte. Néanmoins, si des gens se sentent menacés, s'ils ont des soupçons, ils doivent porter plainte pour que cela soit efficace. On a arrêté de nombreux malfaiteurs dans l'année, mais ce n'est jamais terminé. Cependant, j'estime qu'il y a souvent un décalage entre le ressenti et la réalité. Certains se sentent en insécurité et je pense que plusieurs facteurs interviennent comme la télévision, la solitude, le relationnel… À partir d'un tas de faits que je ne nie pas, c'est devenu une psychose chez certains Lézignanais : il est temps qu'ils analysent et comprennent la mutation de la ville (NDLR : lire "50 000 personnes par jour à Lézignan"). Lézignan a aujourd'hui un statut de ville avec les inconvénients et les avantages que cela amène. Par ailleurs, chacun a sa part d'action à mener dans le fonctionnement de la citoyenneté et concernant la sécurité nous voulons nous concentrer sur les personnes âgées et fragiles.
Des habitants et commerçants souhaitent que soient instaurés des travaux d'intérêt général pour lutter contre les incivilités et les dégradations. On attribue aux maires tous les pouvoirs et tous les maux ! Je ne suis pas homme à fuir mes responsabilités et à essayer de me trouver des excuses. Mais les travaux d'intérêt général c'est du ressort de la justice et non de la compétence du maire. De même, concernant les amendes qui ne seraient pas payées, c'est au procureur de faire appliquer la loi : tous les PV émis lui sont transmis. Je ne réfute rien, je ne nie rien de ce qu'ont exprimé les commerçants et les habitants, mais je pense aussi que certaines intentions sont xénophobes… Je ne prétends pas tout régler mais faire ce qui me semble être le mieux dans l'intérêt de l'ensemble de mes concitoyens. Même si je suis conscient qu'il y a des problèmes à régler à Lézignan et qu'il y en aura toujours de nouveaux à l'avenir.
Flux de populations, habitat indigne, communication...
Démographie et habitat indigne
Autre souci pointé par les habitants et les commerçants, "l'arrivée de nouvelles populations qui apportent la misère" et sont parfois source de nuisances. Pour Michel Maïque, "toutes les villes du sud-est connaissent une montée démographique importante. Mais un maire ne peut pas choisir les gens qui viennent résider dans sa ville. S'il y a un problème, qui existe et que je ne nie pas, c'est que nous faisons face à des propriétaires indélicats et à des personnes qui pour des raisons bassement matérielles, organisent la venue de nouveaux habitants qui sont susceptibles d'occasionner des nuisances. Nous les avons identifiés et j'ai avisé les services de l'État dans leur ensemble car cela dépasse mes compétences. Il existe un problème d'habitat indigne, mais on loue aussi des habitations normales à Lézignan ! Ceci étant, parmi les 4000 ou 5000 nouveaux habitants qui sont arrivés ces dernières années, les personnes qui posent des difficultés sont beaucoup moins nombreuses que les autres ! Cet afflux a densifié la population de l'intérieur de la ville. Cela crée aussi des problèmes de voisinage, qui sont les plus nombreux dans les rapports des référents de quartier. Il faut apprendre à vivre ensemble. Nous avons identifié les quelques familles et personnes sources de nuisances. Nous ne pouvons pas les chasser et il faut relativiser à l'échelle de la ville. Quand ces personnes sont en faute, nous maintenons la pression avec la gendarmerie et la police municipale pour faire comprendre qu'ils sont indésirables dans notre cité. Il y en a qui comprennent : certaines familles sont parties... mais d'autres arrivent".
Quant à la rumeur qui dit que des logements sociaux seront prochainement construits sur le site de l'ancienne distillerie, le maire dément : "Il n'y a aucun accord dans ce sens. Le plan local d'urbanisme est en cours et sera terminé en juin : dans un premier temps ce secteur ne sera même pas classé habitable".
50 000 personnes par jour en ville
Pour le maire Michel Maïque, "il faut que les habitants l'acceptent : Lézignan d'aujourd'hui n'est plus le Lézignan du passé". Outre l'évolution démographique (lire "Démographie et habitat indigne"), la place centrale de la ville génère d'importants flux quotidiens : "Une étude que nous avons menée en avril démontre qu'il rentre tous les jours et toute l'année 50 000 personnes dans la ville. Et qu'il y a également 40 000 déplacements de véhicules intra-muros dans la journée. Bien évidemment, cela engendre des désagréments par rapport aux habitudes passées. Mais 50 000 personnes par jour, ce ne sont pas des Gitans ! Pour la plupart il s'agit de gens qui travaillent et c'est de l'économie. De plus, comment un maire pourrait-il mettre des barrières à l'entrée de la ville ?". Par ailleurs, Michel Maïque estime que "la nostalgie et cette vision passée de la ville entachent son image, car Lézignan présente beaucoup plus d'atouts que de désagréments".
De la fonction et de la communication d'un maire
"Tous les maires de France vous le diront : notre fonction a beaucoup évolué ces derniers temps. Les contraintes normatives, les effets de la loi Notre, les sollicitations accrues des services de l’Etat, des conseils départementaux et régionaux font que les heures consacrées à l’administration ont plus que doublé... Je dois me concentrer sur ce qui me semble être l’intérêt majeur de la ville aux dépens de mon image de représentativité... Plutôt qu’une communication pour faire valoir, je préfère une communication informative. De plus, ce qu’on nomme communément “toco maneto” (touche main) dans le midi, est une pratique électoraliste hypocrite", assure le maire de Lézignan.